[Élevage] CONJONCTURE LAIT

La collecte en baisse

Depuis fin 2022, le nombre de livreurs de lait bio au niveau national est en baisse avec un taux de cessation supérieur à 5% sur un an glissant jusque septembre 2023 (C’est à dire plus qu’en conventionnel maintenant). Ce taux de cessation comprend toutes les raisons possibles de l’arrêt de la production de lait bio. Le nombre de livreurs normands bio évolue assez peu (-1,2% en 2023 pour l’instant) pour atteindre 470 fermes.

La collecte nationale est donc pénalisée sur les 9 premiers mois de 2023 par rapport à 2022 avec une baisse de 3,4%. Cependant, les taux ont été meilleurs cette année, ce qui représente une baisse de 2,2% en MSU. Sur le Grand Ouest, seule la Normandie a livré plus de lait bio sur 2023 (notamment la Manche) avec +2,6% entre sept 22 et sept 23. Les prévisions affichent un retour sous les 1,2 milliards de litres sur 12 mois fin 2024.

Les décertifications concernent les jeunes fermes bio

Au 1er novembre, on dénombrait 49 arrêts du lait bio sur le grand ouest, chiffres plutôt similaires à 2022. En Normandie, on compte environ une quinzaine d’arrêts dont la moitié avec un arrêt de la bio. Au niveau grand ouest (Normandie, Pays de la Loire et Bretagne), 70% des arrêts de la bio en 2023 concernent des fermes qui se sont converties plutôt récemment mais au-delà des 5 ans d’engagement de l’aide CAB. C’est à dire les fermes de la vague de conversion 2015-2018, la plus importante. A partir de 2019, les conversions ont commencé à diminuer jusqu’à aujourd’hui. On peut penser que les décertifications n’augmenteront pas beaucoup si la situation se stabilise.

Les ventes sont toujours en baisse en GMS

Globalement, les ventes en GMS sont en baisse depuis fin 2020 sur tous les produits laitiers bio. On a une baisse en volume de 12% entre 2023 et 2022. En octobre 2023, la consommation était au niveau de la période de juin 2017 à juin 2018. La baisse de la consommation du beurre bio est un peu atténuée par rapport aux autres PL bio depuis l’an dernier. Selon FranceAgrimer, le nombre d’acheteurs s’est nettement réduit : en moyenne sur 7 mois en 2023, 25,1 % des foyers français avaient acheté au moins une fois du lait biologique, et 30,3 % avaient acheté au moins une fois des ultra-frais biologiques. C’est 2,5 points de moins pour le lait et presque 4 points de moins pour l’ultra-frais, en seulement un an. Les prix ont augmenté au plus bas de 5,8% sur les desserts lactés et au plus de 15,1% sur le lait entre les 7 premiers mois de 2023 et ceux de 2022, le beurre et la crème autour de 12%. Néanmoins, cette hausse est inférieure à ce qu’on observe en conventionnel avec des prix qui se sont rapprochés mais sans impact sur la consommation. Les fabrications sont donc en recul sur tous les PL bio allant de – 1,6% sur la poudre, -2.5% sur la crème jusqu’à -10.6% sur le beurre ou – 19.7% sur les desserts lactés. Sachant que la majeure partie du lait bio est consommé en lait (-5,1% de fabrication) et en ultra-frais (-7%).

Il semblerait que la consommation bio en magasin spécialisé se stabilise. La vente directe reste très hétérogène. La part des produits laitiers bio atteint 8% en valeur en 2022 avec 50 millions de litres, soit 4% de la collecte, grâce aux yaourts et aux fromages blancs surtout.

L’écart avec le conventionnel s’est réduit à 35€ sur un an glissant

Le prix du lait bio a augmenté légèrement depuis l’automne 2022, le prix standard a pris environ 6% depuis le début de l’année. Cependant, l’écart avec le conventionnel est passé de 130€ en 2021 à 35€ sur un an glissant en septembre. Ceci est essentiellement dû à une forte hausse du conventionnel. Les prévisions annoncent une baisse du conventionnel sur cette fin d’année.

Malgré la baisse de consommation des PL bio, les industriels sont en manque de lait au global et recherchent de la MG. De plus, le maintien des élevages laitiers est une réelle préoccupation des laiteries. On peut donc espérer un maintien du prix du lait bio à moyen terme.

Alexandre ROUX

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