Une reconversion professionnelle : du digital à la paysannerie
Hélène et Rodolphe font partie de ceux qui ont choisi de faire une reconversion professionelle. Après six années de création de startup dans le secteur du digital, ils décident en 2019 de changer de vie et de métier. Leur projet initial : partir en tour du monde avec des ONGs. C’est durant ce projet qu’ils découvrent le métier de paysan.
Tout au long de l’année 2020, ils partent en woofing (travail bénévole dans des fermes) pour visiter différentes fermes collectives en France et découvrir diverses productions agricoles. C’est en Bretagne qu’ils rencontrent une paysanne boulangère, un métier qui les séduit immédiatement.
Convaincus, ils décident de se former en boulangerie paysanne. Ils suivent alors un BPREA d’un an au CFPPA du Robillard. En parallèle, ils se forment à l’aspect technique du métier en remplaçant un associé boulanger à la boulangerie bio SCOP Les Copains. Ils commencent également à fabriquer leur pain à titre personnel, se voyant prêter un fournil 1 à 2 jours par semaine et en lançant progressivement la commercialisation de leurs produits.
En parallèle, ils réalisent une formation et construisent leur premier four à pain avec l’Atelier paysan en Isère.
L’installation : trouver un terrain et faire aboutir le projet
C’est lors d’une réunion de Bio en Normandie qu’Hélène et Rodolphe rencontre Didier, un producteur bio. Charmé par leur projet, Didier les invite sur sa ferme et leur propose de mettre à leur disposition 7 hectares de foncier pour commencer.
Après plusieurs pistes infructueuses, le duo trouve un terrain à louer : tout d’abord, 10 hectares de foncier seul, puis ils découvrent la ferme de la Boiserie, une ancienne ferme laitière en vente depuis plusieurs années. Leur projet séduit les propriétaires, et ils obtiennent la possibilité de louer le corps de ferme ainsi qu’une partie du foncier. Grâce à un soutien de Terres de Liens, ils acquièrent la ferme via un appel à candidature AFER et démarrent la conversion biologique de la ferme
L’installation en 2022 : une boulangerie qui prend forme
En 2022, Hélène et Rodolphe s’installent officiellement en GAEC. La boulangerie continue de fonctionner dans le fournil des Copains, tout en construisant progressivement leur propre réseau de commercialisation. Des travaux sont nécessaires dans le fournil : réhabilitation d’un bâtiment de 40m² sans eau ni électricité, installation d’un atelier de meunerie et d’un espace de stockage de céréales. En parallèle, la première moisson de céréales bio est semée sur les terres de Didier. En septembre 2023, Hélène et Rodolphe réalisent un investissement majeur : l’achat d’un four « type atelier paysan » et un moulin. Ce moment marque leur première fournée autonome, avec leur propre farine et leur propre fournil

Les partenariats et le travail en réseau
L’un des points forts du projet d’Hélène et Rodolphe réside dans la construction de partenariats solides avec d’autres acteurs du territoire. Ils mutualisent les circuits de commercialisation, en partagent la logistique, la livraison et les points de vente. Cela leur permet également d’échanger des conseils entre pairs : « Une fois installés, on n’a plus le temps de visiter d’autres fermes pour s’inspirer, alors travailler en réseau devient crucial pour nous », expliquent-ils.
Ils participent également à un groupe d’échange de transformateurs de céréales de Bio en Normandie et ont développé divers partenariats locaux, tels que celui avec l’ESAT de Dozulé pour la récupération des chutes de bois pour le four. Ils échangent également la paille-fumier avec un éleveur voisin et ont installé un cidriculteur dans un bâtiment inutilisé de leur ferme en 2024.
Un des partenariats les plus importants reste celui avec Didier, qui leur a mis à disposition 7 hectares de foncier déjà en bio. Grâce à cela, ils ont pu commencer à transformer des céréales bio dès leur installation, sans attendre les deux ans nécessaires pour la conversion de leurs propres terres.
Enfin, Hélène et Rodolphe ont mis en place un fichier de « banque d’entraide », permettant de comptabiliser le temps partagé sur les parcelles, les échanges de matériel, de semences de prairies ou de fumier. Un bilan est effectué une fois par an et les décisions techniques concernant la culture des céréales sont prises de manière collective, en concertation avec Didier.
L’histoire d’Hélène et Rodolphe témoigne d’une reconversion réussie, guidée par une vision claire de l’agriculture biologique et par la force du travail en réseau. Leur projet repose sur des valeurs d’entraide, de partenariat et d’autonomie. Après plusieurs années de travail, leur installation et désormais solidement ancrée dans le Pays d’Auge, et ils continuent d’élargir leur cercle de collaborations pour pérenniser leur activité.
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