Si l’agriculture occidentale contemporaine a régulièrement connu des épisodes de tensions voire de crises, les enjeux auxquels elle fait aujourd’hui face semblent s’intensifier en même temps qu’ils se cumulent : politiques, économiques, énergétiques, de sécurité alimentaire, écologiques et climatiques, sociaux…
Alors que l’agriculture européenne et nationale est appelée à évoluer vers une transition plus durable de son système prédominant, la guerre ukrainienne a sonné un ralentissement de ce processus au profit d’une ré-intensification de la production. Ainsi, face à la hausse des matières premières, à la perspective du déficit de production et une menace de tension des marchés voire de pénurie, l’Etat a notamment acté une dérogation quant à l’exploitation des zones non cultivées (jachères) afin “d’accroître le potentiel de production”. Conséquence indirecte du contexte géopolitique, les prix des céréales conventionnels ont bondi au printemps, atteignant pratiquement les prix bio. Cette hausse trouve également sa cause dans l’explosion du prix des engrais azotés entraînant des difficultés d’accessibilité, depuis l’automne 2021. Or, près de la moitié de ces céréales et protéagineux sont utilisés pour l’alimentation animale dans le cadre de systèmes de production intensifs. Rappelons aussi que ces systèmes de production – animaux ou végétaux – ont de lourds impacts en termes de pollutions des eaux, sols, airs, de menace à la biodiversité, de changement climatique ou encore socio–économiques pour les paysans entre autres.
Par ailleurs, le Plan Stratégique National (PSN) présenté à la Commission Européenne dans le cadre de la réforme de la PAC 2023-2027 en début d’année aboutissait à la création d’un éco-régime mettant au même niveau de paiement les agriculteurs certifiés en AB et en Haute Valeur Environnementale (HVE), tandis que l’aide au maintien à l’égard des agriculteurs biologiques (AB) avait été abandonnée.
Au lieu d’opposer les enjeux politiques et économiques, des enjeux environnementaux et climatiques dans le domaine agro-alimentaire, pourquoi ne pas tenter de les concilier ? Une telle démarche converge vers une double orientation-ligne : la reterritorialisation et l’adaptation de l’agriculture à la durabilité écologique, sociale et économique. Aussi, plusieurs études démontrent qu’au-delà d’une (sur)production inégalement répartie et mal utilisée, gaspillée, l’Europe et la France pourraient choisir la voie du soutien au développement généralisé de l’AB sur son territoire pour répondre aux divers enjeux : alimentaire, écologique, économique pour citer les premiers. En effet, le système agricole bio promeut une production locale, de qualité, saine, respectueuse de l’environnement et nettement moins dépendante aux énergies fossiles.
C’est cette voie que semble également appuyer la Commission européenne qui dans sa lettre d’observation d’avril relative au PSN français en a souligné la faiblesse à l’égard des ambitions environnementales (Pacte Vert européen), et encouragé à renforcer le soutien à l’AB (à l’instar de la Cour des Comptes (cf rapport du 30 juin 2022). Aussi, le gouvernement a-t-il revu sa copie en créant un 3ème niveau de paiement au sein de l’éco-régime valorisant de 30 euros supplémentaire l’AB par rapport aux 82 euros attribués à la certification HVE (cf communiqué de presse de la FNAB).
Dans un contexte estival de très fortes températures et grande sécheresse particulièrement préoccupante notamment pour les bassins hydriques, la biodiversité et impactant l’agriculture, il est nécessaire et urgent d’accélérer la transition des systèmes agricoles et alimentaires.
Pour aller plus loin sur le sujet :
– Article de l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales)
– Podcast de Radio France
Pouvoirs publics : quelles actions mettre en place dans ce contexte ?
La FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique, notre antenne nationale), la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace, CCFD-Terre Solidaire, Les Amis de la Terre et Action Contre la Faim ont réalisé un travail de décryptage s’agissant de la crise alimentaire actuelle, pour démêler le vrai du faux :
Des propositions ont été élaborées pour concilier souveraineté alimentaire, solidarité internationale et transition agroécologique :
Ces structures ont pu échanger en juillet avec des députés à l’Assemblée Nationale sur la situation agricole et géopolitique actuelle et les actions à mettre en place.
Pour engager la transition agricole et alimentaire de votre territoire, contactez-nous :
- hbillot@bio-normandie.org (14, 50, 61)
- orouzierebeaulieu@bio-normandie.org (76, 27)
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