La DGAL a présenté son nouveau projet de plan d’action de gestion de la PPA courant novembre dernier. La France est indemne de peste porcine africaine mais la dynamique de progression du virus en Europe fait peser une menace croissante sur le porc français (notamment avec des cas proches en Italie). Ce plan vise à renforcer :
- La coopération transfrontalière avec l’Italie ;
- Les campagnes de communication et d’appel à la vigilance sur le risque d’introduction par l’Homme du virus de la PPA ;
- Les actions pour améliorer le niveau de biosécurité des élevages ;
- La maîtrise des populations de sangliers sauvages et la surveillance de leur état de santé.
Pour assurer le pilotage et le suivi de ce plan d’action, l’administration souhaite mettre en place une instance de « pilotage de la gestion de la PPA » coordonnée par l’Association Nationale Sanitaire Porcine et au sein de laquelle siègeraient de manière certaine GDS France, INAPORC et les chambres d’agricultures sans qu’il soit fait référence à d’autres structures pour l’instant. Il y aurait une déclinaison régionale.
La DGAL souhaite rendre obligatoire pour chaque élevage la réalisation d’un audit « biosécurité » via l’outil PigConnect à partir de l’été 2024 (Un accord interprofessionnel INAPORC devrait entériner cette décision mais à ce stade l’administration et l’ANSP vérifient encore si c’est juridiquement possible). L’audit serait conduit par un vétérinaire, un technicien d’OP ou toute personne « formée à la biosécurité », c’est à dire les techniciens de toutes structures compétentes. Selon les zones, le coût de l’audit oscillerait entre 450€ et 1 000€. Si peu de personnes formées dans la zone, les frais de déplacement font grimper le tarif. La Normandie n’étant pas une zone de production très marquée sur le porc risque d’être pénalisée par rapport à ses voisins. Pour l’instant aucune prise en charge n’est évaluée par l’administration, le coût serait à la charge de l’éleveur-se. La fréquence de l’audit n’est pas nécessairement annuelle mais pourrait varier en fonction des contextes locaux. L’objectif est d’atteindre 4% des élevages contrôlés par an et plus dans les zones à risque.
La FNAB a bien fait remonter que, plus de deux ans après l’entrée en vigueur de la réglementation sur la biosécurité, on constate des difficultés de mise en œuvre des règles pour une partie des élevages, en particulier en plein air. Notamment en ce qui concerne l’implantation des clôtures et la création de zones tampon (sas) entre les aires d’élevage et extérieures sur des structures complexes. Par ailleurs, il a été remonté que les investissements à réaliser, parfois lourds ou disproportionnés par rapport à l’importance de l’atelier porc au sein de la ferme, sont prohibitifs dans un contexte de crise du porc bio où la filière a déjà perdu 30% de son potentiel de production. Les taux de financements proposés dans les PCAE (en général entre 30% et 40% de prise en charge) sont insuffisants.
De plus, l’audit conduit via PigConnect, à la manière d’un contrôle mais sans en être un, risque de reprendre les exigences réglementaires et les questions du vademecum d’inspection vétérinaire sans déboucher sur une amélioration potentielle sur les élevages en dehors du système “classique”. C’est pourquoi il est impératif que l’auditeur ait à la fois une bonne connaissance de l’élevage bio, voire plein air bio, et de la réglementation pour pouvoir guider l’éleveur.se dans les aménagements possibles à réaliser dans le contexte qui est le sien. L’utilisation, dans le cadre des audits, de la grille d’analyse des risques sanitaires de « l’expérimentation plein air » pilotée par la FADEAR serait à ce titre pertinente. Et dans le cas contraire, cet audit n’apportera aucune valeur ajoutée par rapport à la formation de référent biosécurité.
Le réseau propose donc de :
- Débloquer des fonds interprofessionnels ou publics pour financer les audits des éleveurs bio indépendants.
- Intégrer la grille d’analyse des risques sanitaires de « l’expérimentation plein air » dans les outils du plan national (audits, contrôles)
- Former un nombre suffisant d’auditeurs avec une expertise sur l’élevage de porc bio et plein air
- S’assurer que les PCAE intègrent l’éligibilité automatique des demandeurs d’aides liées à la biosécurité et un taux de financement de 60% pour les zones de plaine et de 80% pour les zones de montagne avec un plancher ramené à 2000€
- Explorer les pistes complémentaires au PCAE pour financer les investissements permettant aux élevages de se protéger de l’intrusion des suidés sauvages (ex : fédération de chasse)
Alexandre ROUX
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