[Témoignage TRANSMISSION] – Transmettre sa ferme en agriculture biologique

Françoise et François Dufour : une transmission réussie à la ferme bio de la Binolais

Une ferme diversifiée au cœur du pays de la Baie

A Saint-Senier-de-Beuvron, dans le pays de la Baie, l’EARL de la Binolais incarne depuis plusieurs décennies une agriculture biologique ancrée dans son territoire. Françoise et François Dufour y ont développé une exploitation diversifiée mêlant production laitière, volailles et pommes, toutes certifiées biologiques.

Jusqu’en 2016, la ferme comptait 46 hectares, dont 7 hectares de prairie et 3 hectares de vergers basse tige. L’atelier laitier reposait sur 34 vaches laitières et 17 génisses, pour une référence de 190 000 litres, livrés à Triballat. Les volailles étaient valorisées via un GIE de commercialisation, tandis que les pommes étaient destinées aux Coteaux Nantais. Installés sur des sols argilo-limoneux profonds mais séchants, les Dufour avaient engagé leur conversion à l’agriculture biologique dès 1998, convaincus de la pertinence de ce mode de production.

Leur ligne directrice a toujours été claire : embaucher plutôt qu’investir, afin de rendre la ferme transmissible et pérenne.

Préparer la transmission : un travail de longue haleine

La réflexion autour de la transmission débute réellement à la fin des années 2000. Dès 2008, des travaux de mise aux normes sont entrepris. En 2012, leur fille Emilie, alors éducatrice, entame un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole) et exprime le souhait de revenir sur la ferme familiale. L’année suivante, les Dufour se rapprochent du Point Info Transmission afin d’obtenir un accompagnement, sans toutefois s’inscrire au RDI (Répertoire Départ Installation).

Entre-temps, Rodolphe Chauveau, titulaire d’un BPREA de fromager, se manifeste pour reprendre la partie laitière avec un projet de fromagerie. Il début en 2014 un contrat de parrainage d’un an à la Binolais. Mais après neuf mois, il choisit de ne pas s’installer, ne souhaitant pas investir dans une fromagerie dans un bâtiment en fermage. Il poursuivra finalement son installation ailleurs.

Peu après, en septembre 2014, Benoît, le troisième enfant du couple, pédicure bovin de métier, fait part à son tour de son envie de reprendre l’exploitation. Les démarches se concrétisent rapidement : en juin 2015, il quitte son emploi salarié, et le 30 juin 2015, la cession de l’EARL de la Binolais est officiellement actée.

Le lendemain, le 1er juillet 2015, Emilie et Benoît Dufour s’installent et créent ensemble l’EARL du Belie, perpétuant ainsi la dynamique familiale et biologique de la ferme.

Un passage de relais réussi

Pour les Dufour parents, la satisfaction est au rendez-vous : « Le plus perturbant a été le départ de Rodolphe, mais la continuité de la ferme est une réussite. Nous ressentons une vraie satisfaction avec cette reprise familiale, d’autant que certains prédisaient qu’une ferme de cette taille ne serait pas transmissible. Cela ne pouvait pas mieux se passer ! »

Le bilan est en effet très positif, tant sur le plan technique qu’économique. Les jeunes repreneurs ont su faire évoluer les ateliers tout en conservant l’esprit initial. Au final, ce parcours de transmission aura permis l’installation de trois jeunes : Emilie et Benoît à la Binolais, et Rodolphe, qui a trouvé ailleurs la concrétisation de son projet, après un stage formateur sur la ferme.

Les clés d’une transmission bien préparée

L’ADASEA a accompagné le chiffrage de la reprise, estimée à 174 000 €. De leur côté, Françoise et François ont anticipé leur départ en achetant une maison dans le bourg, qu’ils ont rejointe dès juillet 2015. Françoise a poursuivi une activité salariée, tournant ainsi la page sereinement.

Une belle histoire de transmission agricole

Ce parcours de transmission de 4 à 5 ans illustre la patience et la rigueur nécessaires à la réussite d’un tel projet. Entre mise aux normes, parrainage, départ d’associés et nouvelle installation, l’histoire de la Binolais est celle d’une transition progressive et réfléchie, portée par des valeurs familiales fortes et une vision à long terme. La ferme, désormais entre les mains d’une nouvelle génération, poursuit son chemin en bio, symbole d’un modèle agricole à taille humaine, durable et transmissible.

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